Design scénique, mise en scène de l'espace, histoires en coulisses

Scenic design, staging space, stories behind the scenes

Design ? No ! Progetti, si.

De gauche à droite, Gabriele Pezzini et Enzo Mari, portrait. Copyright Giovanna Silva.

De gauche à droite, Gabriele Pezzini et Enzo Mari, portrait. Copyright Giovanna Silva.

Rencontre avec Enzo Mari et Gabriele Pezzini dans une galerie d’art parisienne.

Il est un mot que Enzo Mari le bel, l’homme de toutes les créations, a vraisemblablement rayé de son vocabulaire, DESIGN. Comment se l’expliquer quand le concepteur a lui-même obtenu une consécration internationale grâce à ce travail ? Parce que le terme, malmené sur le fil de sa récente histoire, a été dévié de sa mission noble de service du beau pour la communauté, et brandi par nombre d’expérimentations mal définies, comme argument mercantile par d’astucieux faiseurs de profit, ou de novices se sentant appartenir à une voie nouvelle ouverte à l’inconnu. Enzo Mari lui redonne en conscience ses lettres de noblesse en le passant sous silence pour le substituer par le seul mot convenable selon lui, PROGETTI (projets), telle est son œuvre. Nous avons eu la chance de le rencontrer à Paris, au mois de février, dans la Galerie Alain Gutharc, à l’occasion de l’exposition « Che fare », en compagnie d’un confrère, Gabriele Pezzini.

 

Che Fare

Les deux hommes sont liés par une fraternelle humilité (voire paternelle), leur engagement dans une quête de l’essentiel. Aux antipodes de l’Art Pompier qui caractérise ce qu’ils rejettent, les deux hommes ont présenté des pièces dont on ne saurait situer l’année de naissance, tant elles apparaissent sobres, insoumises à la mode, et représentatives de ce que beaucoup tentent de retrouver souvent sans y parvenir. Ainsi se sont côtoyées un temps trop court, sans doute, mais savoureux, la table Frate, signée dans les années 1970, et la plus jeune assise Moving. Ces pièces de mobiliers exposées dans un cadre artistique révèlent leur nudité, car pur et transparent est le fruit d’une recherche ascétique. Quand la table révèle les matières de sa composition, réduites au minimum, achevée d’un plateau de verre, le tabouret a l’aspect d’un seau, mais plein et blanc, agrémenté d’une anse qui lui accorde sa mobilité. La fonctionnalité ici apparaît comme une évidence pour le visiteur, tout acquéreur ayant la possibilité de le projeter dans son espace intime. L’intitulé de l’exposition abrite un soupçon de provocation, Che Fare ne posant pas une question mais évoquant plutôt un manifeste. Finalement il s’agit sans doute de laisser faire le « rien », d’observer que l’abondance contrairement à ses promesses ne nourrit pas, en reconnaissant la bonne production, de percevoir la valeur du labeur et de l’artisanat qui ont la délicatesse de l’ouvrage des Anciens de l’Antiquité : savoir se faire oublier pour exister dans sa pleine essence.

 

Photos DR : ci-dessus Tavolo Frate - production Driade, de Enzo Mari.

Photos DR : ci-dessus Tavolo Frate – production Driade, de Enzo Mari.

Tavolo Frate - production Driade, de Enzo Mari.

Tavolo Frate – production Driade, de Enzo Mari.

 

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