Design scénique, mise en scène de l'espace, histoires en coulisses

Scenic design, staging space, stories behind the scenes

Le laboratoire, machine à rêves

Architecture des humeurs, ou les prévisions fantasmagoriques du jour où la programmation d’un espace pourrait s’appuyer sur les humeurs de ses futurs occupants.

DR, courtesy Le laboratoire.

DR, courtesy Le laboratoire.

La vision du monde proposée par le lieu d’un genre nouveau, Le Laboratoire à Paris deuxième, est celle d’un futur si inventif que l’on peut se demander s’il verra jamais le jour. L’exposition intrigante et ludique « Une Architecture des humeurs » qui a démarré au mois d’avril et se prolonge jusqu’en mai prochain, se voit fondée sur un croisement de disciplines artistico-scientifico-architecturales, relevant avant tout pour le visiteur de l’imaginaire. Orchestrée par l’agence créée par l’architecte François Roche R&Sie(n), menée avec plusieurs collaborations ainsi que le soutien de l’initiateur du lieu, David Edwards, Professeur à Harvard, l’approche a de quoi dérouter.

A l’entrée, se vit déjà une expérience quelque peu étrange. Un test individuel qui palpant les mouvements et réactions émotionnelles de la main droite, exprimée par des variations de température, d’humidité, autant d’«émissions neurobiologiques»; tandis qu’une voix voulue hypnotique plonge le candidat dans l’ambiance de l’habitat rêvé. Il doit envisager pour lui-même les pièces, leur disposition et quelques options sans limite matérielle ni contrainte de réalité, en relation avec la nature de ses liens et de sa communication avec ceux qui partagent son espace. Au final, il reste la frustration légère de l’expérience elle-même sans en obtenir de résultats, légère puisque la machine proposait… du rêve. Faut-il d’ailleurs réellement vouloir capter le désir ?

DR, courtesy Le laboratoire.

DR, courtesy Le laboratoire.

Oublier en entrant sa raison
Il est bon pour celui qui entre d’oublier un peu sa raison, de recourir à une aptitude liée à l’enfance qui porte à croire ce qui surgit, le regard se fixant sur l’illusion quand le magicien fait son tour. Après explications, les «procédures computationnelles, mathématiques et machinistes», devraient provenir de « protocoles d’indéterminations, d’agrégations successives, improbables et incertaines [afin] d’implémenter la chimie des humeurs des futurs acquéreurs, [pour] la diversité des morphologies habitables ». Fin de citation. La beauté du geste reste plus lisible, à travers la vision d’un incroyable robot extrudeur de béton spécial, muni de trois pinces capables de produire ensemble un début de structure originale à l’effet organique, qui se combinent en tresses mouvementées. Ici l’art mouvant peut toucher le spectateur, car le robot aussi métallique soit-il, dans sa danse entreprise pour imiter l’homme, fait preuve d’une chorégraphie maladroite mais tentée. Phénomène qui semble réveiller un orgueil enfoui? Celui du chemin parcouru pour parvenir à un certain degré de civilisation, qui fait que tout être doué d’une conscience pourrait envier son sort, que tout est soumis à l’homme. Le robot ici rassure.

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