Design scénique, mise en scène de l'espace, histoires en coulisses

Scenic design, staging space, stories behind the scenes

Lignes de mire

Le CAM, Centre d’Art moderne de la Fondation Calouste Gulbenkian, présente dans son annexe parisienne jusqu’au 21 mai un exercice de style autour du fil conducteur. Commissaire d’exposition Leonor Nazaré.

Dessin habité, 1977, d'Helena Almeida. Photo DR.

Dessin habité, 1977, d’Helena Almeida. Photo DR.

Littérale, géométrique, la ligne conduit l’œil en un fil à tisser, à écrire, à suivre dans tous ses états, continu ou discontinu, comme une allégorie de l’expérience du langage. Le visiteur se voit dès l’ouverture tirer le fil, curieusement de droite à gauche, d’une œuvre en neuf tableaux de 1977, Dessin habité d’Helena Almeida. Une proposition qui fait sourire par surprise, de l’interaction entre dessin crayonné, photographie de la main qui trace et matérialisation de la ligne par un crin de cheval que les doigts détachent de la toile. La dimension du corps surgit dans la traditionnelle deux dimensions pour faire apparaître l’espace. C’est le cas encore dans la pièce de 2005 Estension de Teresa Henriques, qui stylise à grande échelle le geste de l’écriture. A la manière d’une prothèse géante, le support sur pied métallique pointe une craie capable, à condition d’être dirigée de main d’homme, de produire trait ou texte. Le mot estension a été rédigé en portugais sur écran figurant une « tension » avec le verbe « être ».

La Pyramide et le papier coupé, 1975, de Artur Rosa. Photo DR.

La Pyramide et le papier coupé, 1975, de Artur Rosa. Photo DR.

Amplification de l’espace, la posture d’Artur Rosa de 1975 a opéré un passage du dessin à la sculpture dans sa Pyramide et le papier coupé. Une légèreté architecturale habite cette composition, depuis la feuille d’essais logarithmique jusqu’à sa traduction en objet métallique, une maquette qui déploie avec résistance la forme du triangle. Ce dernier se révèle en effet avec réserve, graduellement, papier fragile distribué par touche dans un mouvement de rotation. Cette synthèse que nous avons voulue en tryptique se fait l’écho de la nature de partition rythmique de l’exposition. Au-delà des inventions présentées ici, une extraction choisie par Leonor Nazaré, existe une collection qui compte plus de 8000 pièces conservées dans le fief de la Fondation à Lisbonne. L’étendue des scénarios qu’elle contient annonce un bel avenir à cette annexe.

Espace: Centre culturel Calouste Gulbenkian, 51 avenue d’Iéna, 75116 Paris. www.gulbenkian-paris.org

Estensão, 2005, de Teresa Henriques. Photo DR.

Estensão, 2005, de Teresa Henriques. Photo DR.

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