Design scénique, mise en scène de l'espace, histoires en coulisses

Scenic design, staging space, stories behind the scenes

Imaginaires de bureaux

Le travail, terrain privilégié d’investissement et de projections, est aussi un lieu objectif, délimité par un support très concret, le bureau. Mais, selon des créatifs, nous nous sommes demandé à quoi il pourrait ressembler, libéré de sa fonction même.

La philosophie a bercé la culture française de l’importance du travail avec Voltaire qui « éloigne de nous trois grands maux : l’ennui, le vice et le besoin ». L’homme moderne lui consacre en effet une portion généreuse de sa vie, repoussant l’heure de la retraite. La leçon de Descartes nous a plongés dans le doute sur la réalité comme une illusion, champ de représentations individuelles du monde. Enfin récemment l’esprit du marché capitaliste nous a conduits à considérer l’objet –parmi lesquels les bureaux- comme des réponses à des besoins standard. Mais car si aujourd’hui ainsi que le souligne Oscar Wilde, l’on sait le prix de toutes choses et l’on ne connaît la valeur de rien, orientons-nous vers une autre approche, sans prix, quelquefois unique, qui s’intéresse aux symboles reflets d’une société.

Pop Up, sculpture : bureau en carton des artistes Liddy Scheffknecht et Armin B. Wagner, www.arminbwagner.com - www. liddyscheffknecht.net

Pop Up, sculpture : bureau en carton des artistes Liddy Scheffknecht et Armin B. Wagner, www.arminbwagner.com – www. liddyscheffknecht.net

Pop Up, sculpture : bureau en carton des artistes Liddy Scheffknecht et Armin B. Wagner, www.arminbwagner.com - www. liddyscheffknecht.net

Pop Up, sculpture : bureau en carton des artistes Liddy Scheffknecht et Armin B. Wagner, www.arminbwagner.com – www. liddyscheffknecht.net

Pour commencer, l’histoire s’ouvre à la manière d’un livre, contée par deux jeunes artistes, Liddy Scheffknstoireecht et Armin B. Wagner avec leur sculpture Pop Up. Leur plaque géante, dépliée, propose un espace individuel tout-en-un, pop-up fait de carton et scotch. Un seul geste peut à volonté faire apparaître ou disparaître un combiné bureau-chaise-ordinateur dont l’encombrement minimal pourrait être la solution tant attendue par les entreprises. Cependant après le mirage de cette fiction, la réalité révèle la fragilité et le dysfonctionnement du système. Le Pop Up pourrait renvoyer à un jargon d’entreprise, exprimant flexibilité, légèreté. Une critique affirmée par leurs auteurs eux-mêmes des conditions du travail et de sa précarité, du sans-bureau au sans-abri.

Surreal Minimalism in the Office, design davidpompa studio ; www.davidpompa.com

Surreal Minimalism in the Office, design davidpompa studio ; www.davidpompa.com

Surreal Minimalism in the Office, design davidpompa studio ; www.davidpompa.com

Surreal Minimalism in the Office, design davidpompa studio ; www.davidpompa.com

Puis arrive le défilé signé David pompa, avec sa déclinaison d’objets intitulée Surreal Minimalism in the Office. Il évoque une usure de la routine quotidienne qui s’accompagne du manque de sommeil, de l’abus de café… Pourquoi pas pour stimuler motivation et créativité en rompant avec le stéréotype de la répétition en proposant de vivre une expérience unique ? Un fauteuil est muni de jambes pour pouvoir être déplacé pour se rendre dans une zone un peu isolée ; ouvreur des mentalités, le fauteuil roulant, trop rarement accueilli dans ces locaux, quitte un aspect médical pour gagner élégance et style, manière d’accueillir le handicap.

Série Primitive, par le collectif Nucleo design; nucleoprimitive.com

Série Primitive, par le collectif Nucleo design; nucleoprimitive.com

Puis font leur entrée en scène table, lampe, et assise au nom de famille Primitive, née du collectif de designers Nucleo, vus à a Galerie italienne à Paris. Sur une structure cartonnée en nid d’abeille est posée une couche de résine époxy blanche liquide, artisanale pour souligner les imperfections des volumes. L’impression est donnée d’une architecture inversée, image de solidité bien qu’en réalité légère. La table met en relief les paradoxes du pouvoir, fort et fragile, sur le fil, presque impossible à exercer.

The Thinker Tables, Socrate, par TomPrice, Chinese gallery Chapter 7, Hangzhou

The Thinker Tables, Socrate, par TomPrice, Chinese gallery Chapter 7, Hangzhou

Renvoyant au travail intellectuel, galerie des portraits de célèbres penseurs Tom Price, s’envisage comme source d’inspiration autour d’une table, sans leur permettre de s’asseoir autour, d’un point de vue ergonomique… à la manière d’un rituel respectueux à observer ? Le commanditaire de cette œuvre de Confucius à Socrate, The Thinker Tables, réalisée en tubes de polyéthylène noirs et blancs en pixel 2D, a été la galerie chinoise Chapter 7, à Hangzhou. Des miroirs autour entendent projeter les visages sur les murs.

Blah, Blah, Blah, design Louise Cambell, exposition To be continued, à la Maison royale du Danemark à Paris

Blah, Blah, Blah, design Louise Cambell, exposition To be continued, à la Maison royale du Danemark à Paris

Des mots, des mots, des mots, et Shakespeare se réveille se rappelle à nous. Louise Campbell illustre son point de vue sur la réunion, emplie de mots vidés de sens, par une scénographie intitulée Blah, Blah, Blah, suggérant l’amoncellement de paroles échangées lors d’une rencontre de 20 personnes, en recouvrant de cette expression l’ensemble du mobilier et de parois. Elle s’autorise un focus en clin d’œil sur la surenchère laissant le visiteur amusé et sans voix ! Exposition notamment à Paris, à La Maison du Danemark. Au bureau pour conclure, l’humour a du sens.

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